LE CHANTIER

LE REMONTAGE DE LA FLÈCHE

La silhouette spectaculaire de la basilique, surmontée de sa flèche à 90 mètres au-dessus du sol, en fait l’un des principaux chefs-d’oeuvre de l’architecture gothique.

LE PROJET ARCHITECTURAL

Lorsqu’il a procédé au premier démontage en 1837-1838,  l’architecte François Debret avait effectué des relevés et des croquis extrêmement précis. Ils sont conservés à la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine. Ces documents ont servi de guide pour dessiner l’architecture de la tour Nord de la basilique et de sa flèche, qui seront reconstruites exactement comme cela avait été prévu à l’époque.

UN CHANTIER SPECTACULAIRE

Le chantier visitable sera installé dans le Jardin Pierre de Montreuil. Il offrira à chacun la possibilité de découvrir un chantier de construction et de comprendre l’histoire de la flèche.
Des entreprises spécialisées dans la restauration des monuments historiques interviendront sur le site, en particulier pour les opérations de taille de pierre et de maçonnerie. En parallèle, des artisans tailleurs de pierre travailleront au sein du chantier sous les yeux du public.
Si le chantier de Saint-Denis a une éminente vocation de partage, il n’en demeure pas moins un véritable chantier architectural, avec ses objectifs de productivité et son planning de travaux !

LE CENTRE DE FORMATION

Le chantier de la reconstruction de la flèche sera par ailleurs un « chantier-école » accueillant les aspirants tailleurs de pierres.
Souhaitant laisser à la ville de Saint-Denis un héritage de ce chantier, Suivez la Flèche adossera ce « chantier école » à la création d’un centre de formation aux métiers d’art situé sur l’îlot du Cygne. Autant d’éléments permettant à la jeunesse du territoire de bénéficier d’une filière de formation et d’insertion professionnelle, avec comme espace d’apprentissage la reconstruction de la flèche de la basilique !

LES MÉTIERS DE BÂTISSEURS

Architecte
A la fois artiste et technicien, l’architecte conçoit les bâtiments et en pilote la réalisation. Au Moyen
Âge, il ne sortait pas d’une école et n’avait aucun diplôme. Il commençait souvent sa carrière comme simple ouvrier avant d’apprendre son métier sur le terrain. L’architecte est ce que l’on appelle le « maître d’oeuvre ».

Charpentiers
Présents sur tous les chantiers, ils réalisent à la fois les engins de levage pour les pierres, les échafaudages, les cintres pour les voûtes, et les charpentes. La construction des charpentes des cathédrales les conduira à développer ce que l’on appelle le « trait de charpente » (technique de tracé géométrique).

Tailleurs de pierres
Tout comme les charpentiers, les tailleurs de pierres se trouvent en haut de l’échelle des métiers du chantier médiéval. Ils ont une grande connaissance de la géométrie et travaillent en lien étroit avec les métiers du bois, grâce auxquels les pierres taillées pourront être élevées et posées.

Maçons
La frontière est parfois floue entre les maçons et les tailleurs de pierres du Moyen Âge. Globalement, le maçon est celui qui pose et assemble les pierres de l’édifice. Forgerons et taillandiers De la réalisation des outils à celle des éléments renforçant la maçonnerie, les forgerons sont présents sur toute la durée des travaux. Il est d’ailleurs bien rare que la forge – où l’on venait aussi se réchauffer – soit éteinte sur un chantier ! Il existe plusieurs spécialités en forge. La taillanderie est celle qu’on retrouve principalement sur les chantiers : le taillandier est celui qui forge les outils.

Mortelliers et plâtriers
Tout comme les pierres, les mortiers sont un élément  indispensable du chantier. Savant dosage de sable et de chaux, le mortier est utilisé pour la pose des pierres et la réalisation des joints.

Le couvreur
exerce l’un des métiers les plus dangereux du chantier et travaille en lien étroit avec le charpentier. Au Moyen Âge, les toits de cathédrales sont principalement réalisés en tuiles (parfois vernissées) ou en plomb.

Verriers et vitriers
Le métier de verrier est très proche de celui de vitrier. Il ne fabrique pas le verre. Il assemble et pose les panneaux de diverses couleurs, sur lesquels le peintre verrier trace les images de scènes bibliques destinées à émerveiller et 
instruire les fidèles.

Menuisiers
Le menuisier est celui qui travaille les petites pièces de bois (le bois « menu »). Il réalise les portes, les fenêtres, les parquets et bien entendu
les meubles.

Serruriers
Le travail du serrurier est étroitement lié à celui du forgeron, mais aussi du menuisier pour lequel il façonne et assemble des serrures très sophistiquées et richement ornées.

Sculpteurs et peintres
Leur rôle est indispensable au Moyen Âge, car peu de gens savent lire. Ces sont donc les sculptures et peintures qui racontent les Évangiles aux fidèles. Au-delà de leur travail d’ornementation, peintres et sculpteur jouaient un rôle de conteurs. Et leurs métiers étaient d’autant plus liés que la plupart des statues des églises étaient peintes de couleurs
vives !

MATÉRIAUX ET CATHÉDRALES

Siècle après siècle, les cathédrales sont sorties de terre grâce à l’imagination d’hommes capables de transformer les matériaux à leur disposition en joyaux de l’architecture. Des savoir-faire patiemment transmis et une belle alliance entre la main et l’esprit, toujours à l’oeuvre aujourd’hui.

La pierre
Une évidence qui saute aux yeux : l’omniprésence de la pierre. À Saint-Denis, les bâtisseurs du Moyen Âge ont dû avoir recours à des carrières éloignées de la basilique (Carrières-sur-Seine, Charenton-le-Pont puis le sud de l’Oise). On estime qu’environ 30 000 pierres seront nécessaires à la reconstruction de la tour nord et de la flèche de Saint-Denis, soit plus de 2 000 tonnes ! Carriers, tailleurs de pierre, sculpteurs, graveurs… les métiers de la pierre liés aux constructions ne manquent pas !

Le minerai
Matière première transformée par les ferrons puis les forgerons, le minerai est essentiel aux bâtisseurs de cathédrales. Bien souvent invisible à l’oeil nu, le fer est pourtant présent partout dans les constructions médiévales à travers les tirants ou encore les agrafes entre les pierres. Le fer est aussi la matière qui permet de fournir les outils de tous les corps de métiers. En premier lieu, les tailleurs de pierre disposent d’outils fabriqués sur mesure, en fonction de leur nécessité.

Le bois
Il s’agit là d’un matériau souvent associé au Moyen Âge, quand on pense par exemple aux immenses forêts et aux grands défrichements de cette époque. Et effectivement, le bois sert à la fois de support provisoire pour la construction des voûtes (il est retiré une fois les pierres posées) et de matière première pour la construction des charpentes du toit et, dans le cadre de la flèche, du beffroi qui accueillait les cloches dans la tour.

Le verre
Le sable, transformé en verre, est sans doute l’élément clef de Saint-Denis. La grande place laissée aux vitraux dans cette cathédrale est une petite révolution pour l’époque, puisqu’il s’agit des tout débuts, en France, de ce que l’on nommera plus tard “l’art gothique”. La lumière qui  traverse ces mosaïques de verre y prend un sens divin, voulu par l’abbé Suger au XIIe siècle. On imagine sans peine le long et patient travail des maîtresverriers pour concevoir ces «murs de lumière», bien que ce soit le seul matériau absent de la flèche.