L‘œuvre de la cinéaste dionysienne rayonne à New York
Le Museum of Modern Art (MoMA) de New York, l’un des temples mondiaux de l’art contemporain, accueille dans ses collections quatre œuvres majeures de Sarah Maldoror, grande figure du cinéma engagé du XXᵉ siècle. Parmi elles, un court-métrage rare et sensible consacré à la basilique Saint-Denis. Un symbole fort pour cette artiste profondément attachée à la ville, mais aussi pour le patrimoine dionysien qui s’exporte outre-Atlantique.
Sarah Maldoror, pionnière du cinéma anticolonial
Née en 1929, Sarah Maldoror est une pionnière. Première femme noire à réaliser un film de fiction en Afrique, elle a marqué l’histoire du cinéma avec une œuvre engagée, poétique et politique. Militante des luttes anticoloniales, féministe convaincue, elle a construit un langage cinématographique unique, au croisement des cultures, des résistances et des mémoires.
Installée à Saint-Denis jusqu’à sa disparition en 2020, Sarah Maldoror est aujourd’hui célébrée en France comme à l’international. Son travail, mis en avant récemment lors de la rétrospective « Paris Noir » au Centre Pompidou et désormais au MoMA, témoigne d’une urgence de transmission et de reconnaissance.
Parmi ses œuvres intégrées au musée new-yorkais, on retrouve :
- Monangambééé (1969), un court-métrage-choc dénonçant la violence coloniale au travers d’un récit épuré et percutant ;
- Sambizamga (1972), poignant témoignage sur la lutte pour l’indépendance de l’Angola ;
- Abbaye royale de Saint-Denis (1973), une ode à la basilique, à la fois documentaire et poème visuel.
- Et les chiens se taisaient (1978), œuvre enracinée des résistances.
Un film hommage à la basilique Saint-Denis par Sarah Maldoror
Alors que la grande sœur de Notre-Dame a entamé un chantier d’une ampleur inédite pour redonner vie à la première façade gothique au monde à travers la reconstruction de sa tour et de sa flèche, la basilique Saint-Denis n’a jamais cessé de fasciner outre-Atlantique.
En effet, la connaissance de l’évolution de la basilique depuis les IVe-Ve siècle est en grande partie due aux recherches archéologiques, notamment celles pionnières de l’historien médiéviste américain Sumner McKnight Crosby dans les années 30 qui ont pu permettre de mettre à jour des traces fortes de son histoire. Le Metropolitain Musem of Arts (The MET Cloisters) abrite d’ailleurs de nombreux objets et matériaux provenant de la basilique Saint-Denis qui témoignent de cet engagement.
Avec Abbaye royale de Saint-Denis (1973) qui rejoint aujourd’hui les collections du MoMA, Maldoror offre une œuvre rare, à la fois regard intime et hommage vibrant à ce monument fondamental de l’histoire de France. Entre plans majestueux de l’architecture gothique et narration sensible, le film raconte aussi la mémoire populaire, les pierres habitées, la vie autour de la basilique.
Le rayonnement du patrimoine dionysien à l’international
Ce don de quatre œuvres, porté par le Fonds de dotation Ambition Saint-Denis et soutenu par Annouchka de Andrade, la fille de l’artiste, marque une étape majeure dans le rayonnement international du patrimoine matériel et immatériel de Saint-Denis, soutenu par le Consulat général de France à New York.
En accueillant ces œuvres, le MoMA affirme son engagement en faveur des voix du cinéma engagé. Ce croisement entre patrimoine historique, création artistique et mémoire militante illustre toute la richesse culturelle de Saint-Denis et et son rayonnement bien au-delà des frontières.